Robert RentalRobert Donnachie dit Robert Rental naît en 1952. Ce pionnier de la musique post punk est originaire d’Ecosse. Il va emménager dans le sud de l’Angleterre dans les 1970 avec Thomas Leer, les deux compères partagent un intérêt commun pour la musique électronique allemande et pour Brian Eno.

En 1978, une petite scène électronique anglaise émerge avec de nouveaux acteurs inconnus du grand public : Daniel Miller et Warm Leatherette bien sûr mais également Thomas Leer, Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire, Human League et Robert Rental qui sort son premier single, ACC / Paralysis, enregistré chez lui sur un magnétophone 4 pistes (Tascam) loué, avec comme seuls instruments un gadget électronique miniature, le stylophone, et une guitare. Rental rencontre Daniel Miller à la même époque à un concert de Throbbing Gristle, et sortira plus tard (1980) le mélancolique single « Double Heart » chez Mute. Mais auparavant, il va partager la scène avec Daniel Miller. Ce dernier est heureux d’avoir fait son single tout seul dans son coin et veut conclure cette aventure par l’épreuve de la scène. Mais Miller garde les pieds sur terre, il reste persuadé que The Normal n’était qu’une bonne idée, qu’il n’est pas un musicien, et rechigne à monter seul sur scène. Comme l’intérêt des promoteurs pour cette scène électronique émergente grandit, Miller et Rental décident de collaborer et d’enregistrer des backing tapes et de monter sur scène (le 11 novembre 2008 au Cryptic One Club) l’espace d’un soir aux côtés de Cabaret Voltaire, Throbbing Gristle et un groupe nommé Metamorphosis. Pour la petite histoire, c’est ce soir là que Genesis P Orridge de Throbbing Gristle fait une overdose.

Robert Rental et The Normal montent sur scène

Robert RentalDans la foulée, le groupe londonien post punk PragVEC, dont les membres traînent du côté de Rough Trade, recrute les deux compères pour une courte tournée qui passera par la Factory à Manchester. Un peu plus au nord, le duo partage l’affiche avec OMD à Liverpool, au Eric’s. C’est à ce moment que Rough Trade leur propose, une vraie tournée, à savoir 30 dates en première partie de Stiff Little Finger et Essential Logic. Le nom de scène des deux amis est « Robert Rental and The Normal ». C’est une vraie tournée à l’ancienne, en vadrouille dans une camionnette en plein milieu de l’hiver anglais début 1979. Il n’y a pas que l’hiver qui est froid, le public anglais venu pour écouter les punks de Stiff Little Finger déteste ce duo tout électro tout sauf normal, n’hésitant pas à jeter toute sorte d’objets en leur direction pour passer le temps. Cet échec prévisible ne déboulonne pas Daniel Miller qui s’y attendait et s’enthousiasme même de la minorité d’ados qui viennent faire la causette avec lui après les prestations.

Robert RentalDaniel Miller et Rob Rental se sont attirés au fil des concerts la sympathie de plusieurs acteurs. Le groupe Wire les approche pour travailler ensemble et le manager du groupe Mike Collins propose au duo de devenir leur agent. Mais Miller et Rental restent fidèle à leur étiquette « Do-it-Yourself » et décident de ne pas donner suite. Après la tournée Stiff Little Finger, le duo décide de se séparer car leur musique, bien qu’électronique, est éloignée. Robert Rental va néanmoins enregistrer et sortir le superbe single « Double Heart » pour Mute en octobre 1980. Rental est encadré par la dream team du label aux studios Blackwing de Londres : Eric Radcliffe, John Fryer, Daniel Miller, Robert Görl de DAF mais également Thomas Leer.

The Bridge avec Thomas Leer

En 1980, il sortira également l’album The Bridge, le fruit d’une collaboration avec son compère écossais Thomas Leer. Cet album pionnier rappelle Cabaret Voltaire ou Throbbing Gristle mais s'affiche clairement plus électronique et mélodique. L’album qui sort à l'origine chez Industrial Records (et sera réédité en CD chez Mute plus tard - BRIDGE1CD) obtiendra un succès dans les milieux spécialisés, classé numéro 9 du ‘independent chart’. Puis plus rien. Un des fondateurs de l’électro post punk anglaise, grand copain de Daniel Miller qui aurait pu prétendre à une place de choix dans le roster de Mute a subitement décidé de ne plus faire de musique. Il décèdera en février 2000 d’un cancer du poumon. En 2007, une cassette de démo instrumentales intitulée « Mental Detentions » qui date de 1979 se retrouve en téléchargement sur Internet.