Shame on me ! I was so drunk...Isalee, where the fuck were you ?
Branle-bas de combat chez Pop-Rock ! Personne ne semble décidé à traiter du cas de la nouvelle livraison de Stephen Patrick Morrissey, dont on pourrait parfois penser qu’il constitue un membre à part entière de la Rédaction. Les apologistes habituels détournent pudiquement la tête, gênés d’avoir à avouer que l’ancienne âme des Smiths leur a cette fois refusé leur extase habituelle. Alors, qui vient-on tirer de sa retraite pour prêter une oreille attentive aux atermoiements de l’idole d’une partie non négligeable de l’équipe ? Le chroniqueur metal, pardi. Après tout, il écoute successivement Superbus et Cannibal Corpse sans en crever d’indigestion, le chroniqueur metal. Ce n’est tout de même pas un petit Morrissey qui va lui peser sur l’estomac.
Et puis au fond, sans partager la dévotion de nombre de mes collègues rédacteurs pour Morrissey, je dois admettre que j’apprécie beaucoup le bonhomme, moins pour ce qu’il est (un végétarien dépressif et nombriliste, quelle horreur !) ou les sentiments qu’il exprime que pour la manière dont il le fait, chant et talent d’écriture compris. Et si You are the quarry n’avait pas figuré dans mon Top 5 de l’année 2004, il n’avait raté le podium que d’un cheveu.
Le nouvel album et sa pochette en clin d’œil à la Deutsche Grammophon démarre plutôt bien, lui aussi : la première plage, I will see you in far off places, ceinte de volutes orientales, accroche plaisamment l’oreille, tout en demeurant un poil trop prévisible. Les senteurs orientales, tout le monde semble s’y mettre aujourd’hui à vrai dire. Non que Morrissey n’ait pas droit lui aussi à injecter quelques touches d’ûd ou de sitar dans ses chansons, mais à force d’être utilisée à tort et à travers par les premiers clampins venus, on en arrive à déplorer qu’un artiste d’une toute autre envergure se laisse aller à utiliser cette ficelle devenue un poncif au fil des années. Quoiqu’il en soit, le crooner semble être sous le charme de son nouvel exil romain, au vu des références à la Ville Eternelle qu’on découvre au gré des plages, de la solitude spirituelle de Dear God please help me jusqu’à l’excellent You have killed me, single terriblement obsédant où flotte l’ombre de Pasolini et que les Morrisseylogues du monde entier se sont empressé de relier à un supposé « passage à l’acte » de leur idole aux hormones incertaines.
Moins polémique que son prédécesseur, Ringleader of the tormentors renoue avec la grande tradition du déballage de sentiments déçus chère au dandy mancunien. Ce n’est pas forcément un point sombre : You are the quarry, malgré sa carrure, pêchait parfois par une tendance à enfoncer les portes ouvertes et à mitrailler des cibles trop évidentes pour juger la démarche audacieuse. Il s’agissait par ailleurs de la seule réelle faiblesse de ce chef-d’oeuvre, que la richesse de la langue déployée gommait instantanément.
Alors que Ringleader of the tormentors déroule ses appâts, tout ce que l’esprit de Morrissey peut renfermer de tragédie sentimentale, de souffrance émotionnelle et d’incompréhension rejaillit tout au long des douze morceaux : abandon, complexe oedipien refoulé, auto-flagellation, dégoût de l’existence, les habitués retrouveront avec une joie évidente le cynisme désabusé qui constitue une part importante de la pensée de l’artiste. Quitte à se retourner sur sa propre jeunesse, au cas où le présent serait un peu trop serein ? Un titre comme I just want to see the boy happy pourrait le laisser penser. Fait assez curieux : au terme de ces quarante minutes de détresse et de pessimisme, Morrissey quitte la scène sur une note éminemment positive, sur At last I’m born, titre plein d’espoir et de lumière. Et dramatiquement faiblard. A croire que certains ne sont pas conçus pour les ondes positives...
Etrangement, il subsiste un goût de trop peu au terme de ce Ringleader of the tormentors. Une impression difficile à définir. Il n’y a guère de raisons d’être fondamentalement déçu mais, pourtant, on ressent quelque chose comme un manque. Pas ce manque bien connu qui s’abat sur vous quand on constate qu’un fantastique album arrive déjà à son terme. Non, il s’agit d’autre chose de difficilement quantifiable. Evidemment, Ringleader of the tormentors est bon. Foutrement bon même, si on prend en compte le milliard de petits groupes plus ou moins anecdotiques qu’il est de plus en plus difficile d’éviter.
Pour être totalement honnête, on dénote tout de même quelques facilités assez décevantes. Au premier chef, je pointerai un doigt accusateur sur ces innommables chœurs enfantins qui souillent de chouettes titres comme The youngest was the most loved ou The father who must be killed. Et également sur une emphase symphonique occasionnelle qui ne se justifie pas vraiment. Rien pourtant qui puisse justifier cette horrible petite pointe de déception qui s’obstine à s’accrocher à moi comme une tique sur un fox-terrier malade.
De plus, même si au grand jeu de l’introspection sentimentale, on avait connu Morrissey plus en forme, tout ce qui concorde à ce qu’un album du Moz soit toujours un raffinement d’esthète au milieu du déluge de sorties post-pop-brit-punk-supermarket dont nous inonde Albion est toujours bien présent : des mélodies élégantes où le raffinement dispute la prééminence à l’efficacité, des textes soignés - même quand ils marquent un peu le pas comme aujourd’hui - et surtout, cette voix, l’une des plus belles voix masculines de la planète rock, qui a l’insigne audace de ne devenir que plus extraordinaire avec le temps.
Avec le légendaire Tony Visconti aux commandes, et même Ennio Morricone venu mettre en musique le mollasson Dear God please help me, on pouvait s’attendre à la huitième merveille du monde. Pour une raison ou pour une autre, on n’écope que d’un bon album, simplement bon. Du simplement bon bénéficiant du label Morrissey certes, mais c’est peut-être là que le bât blesse, justement.
Morrissey
Ringleader of the Tormentors
[Attack/Sanctuary; 2006]
Rating: 8.0
"I am a living sign," Morrissey sings on "Vicar in a Tutu", from the Smiths' 1986 apex, The Queen Is Dead. If the words evoke Morrissey's dual personae as myth and mythmaker, their religious overtones are a subtle reminder that he's also a never-quite-recovering Catholic. Though his 1990s relocation to Los Angeles, the sunny center of 20th century glamour, elicited little surprise, his recent move to Rome seems even more natural: There, the Pope of Mope can reel around the fountain of both Occidental culture and inexpiable guilt.
From humdrum towns to giddy London, from Sunset Boulevard to the Eternal City, this living sign signifies, first and foremost, himself. Ringleader of the Tormentors is a new Morrissey album, not a new Morrissey; attempts to wring autobiographical revelations from its lyrics are easy, but ultimately futile. Accusations of self-parody, after losing their sting sometime around "Heaven Knows I'm Miserable Now", remain apt but, in Morrissey's case, often irrelevant. On his eighth solo album, the enigmatic warbler again sounds contradictory notes on love, death, the divine, and the despised. All that's really changed are his collaborators-- Ennio Morricone, T. Rex/Bowie producer Tony Visconti, guitarist/co-songwriter Jesse Tobias-- who trade the televised-car-chase production of 2004 comeback You Are The Quarry for a sound more akin to the glam-rock crunch of Your Arsenal.
Rapturous self-torment-- particularly the chasm between love's possibility and its unrealized fulfillment-- was always the defining condition of the Morrissey experience. For Morrissey's narrators, love and death are two levels of the same double-decker bus-- a theme made explicit on lead single "You Have Killed Me", a strapping rocker reminiscent of "Irish Blood, English Heart". With Hammond organ syncope and Morricone strings, trembling ballad "Dear God, Please Help Me" likens lust to "explosive kegs between my legs," while decorous torch song "I'll Never Be Anyone's Hero Now" places "my one true love...under the ground." As Moz idol Oscar Wilde put it, "Each man kills the thing he loves." Moz's interests were eloquently foreshadowed by another Catholic artist, Jean Genet, whose 1943 novel Our Lady of the Flowers laces its gay protagonist's exaltation of a beautiful male murderer with references to the Church. Likewise, Mel Gibson's 2004 The Passion of the Christ isn't just about homoerotic S&M.
The famous mind/body dichotomy from "Still Ill" tellingly neglects the soul, but Morrissey still can't escape what he's called "inbuilt guilt." Even "Dear God, Please Help Me", Moz's most emotionally beguiling song in years, grows ambivalent at the moment inattentive critics have cited as the singer's coming-out: When Morrissey sings, "Dear God, did this kind of thing happen to you?/ Now I'm spreading your legs/ With mine in between/ Dear God, if I could I would help you," is he addressing a lover, or a loving deity? On "You Have Killed Me", which contains some of this infamous celibate's most candidly sexual lines since Meat Is Murder-era B-side "Stretch Out and Wait" (or at least YATQ's "Come Back to Camden"), the man who ostentatiously forgave Jesus two years ago "for all the desire He placed in me" slyly concludes, "There is no point saying this again/ But I forgive you."
Even when contemplating mortality, Morrissey remains enamored of youth. A children's choir guests on multiple tracks, including fast-paced single candidate "The Youngest Was the Most Loved". Their immature voices bestow hair-raising pathos upon a refrain almost too self-evidently jejune for the middle-aged Moz to sing alone: "There is no such thing in life as normal." The choir returns for "The Father Who Must Be Killed", an equally energetic knife-attack on a stern stepfather, which ends in eerie laughter. Elsewhere, Morrissey marks the passing of time more keenly, with even more overt auto-plagiarisms. "It's the same old S.O.S.," he concedes amid the Roman rain, midtempo groove, and orchestral crescendos of the epic "Life Is a Pigsty". "Even now in the final hour of my life/ I'm falling in love again," he adds, subtly acknowledging that love is not as new to his music as recent press has implied.
Morrissey's poignancy, in his best solo work as in his vivid Smiths prime-- what critic Simon Reynolds once called "a piercing beauty, or a sweet ache"-- often inflames the exhilarating terror of loneliness just as it elevates the sensations of love through comparison with Moz's unrequitable romantic perfections. The complicated gender roles, the ubiquitous allusions, the games of irony, art, and style serve equally to ignite a listener's curiosity. Ringleader of the Tormentors is, rather than the now-anticipated letdown, another fitting heir to that legacy. The living sign again: "This one is different, because it's us."
-Marc Hogan, April 4, 2006
DorianSOFAD101 a écrit:Je profite de ce topic pour poser une question aux connaisseurs (apparemment nombreux) de Morrissey.
Quels sont les titres incontournables (je ne parle pas uniquement du nouvel album) ? D'avance merci.
L'ami morpheus m'a gratifié de titres tels November Spawned a monster (Smiths?), Hairdresser on fire ou encore I'm so sorry, Irish blood, english heart,... Mais je ne sais pas si ces titres sont représentatifs.
Dorian "jamais trop tard pour s'y mettre"
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