par dave1er » 11 Juin 2013, 19:32
Oh God it’s raining but I’m not complaining …
On a forcément des images plein la tête quand on débarque pour la première fois à Berlin. Je pense à ce film de Wim Wenders, « Les ailes du désir » vu en classe au collège. Je pense à Jesse Owens bien seul au milieu d’un stade olympique écrasant par la taille et le décorum. Je vois des Trabans, je pense HANSA studios, j’entends des albums mythiques sur des images en noir et blanc. Je revois ce type en direct à la télé, rageur, qui donne des coups de masse contre un mur en train de tomber. Willkommen in Berlin.
Au programme, des milliers de choses à voir, à faire, à ressentir. Je me concentrerai sur Berlin-Est pour cette première étape. Trois jours c’est beaucoup mais c’est bien peu. Des monuments à tous les coins de rues, des églises, des musées, un buste de Nefertiti (la joconde locale), des bouts de murs et des restes de barbelés, des lieux pour se souvenir de l’horreur nazis, des squatts d’artistes qui commencent à se faire chasser par des entrepreneurs immobiliers sans vergogne, des synagogues, des avenues monstrueusement larges taillées au milieu de bâtiments officiels imposants, vestiges d’une guerre froide qui a façonnée la ville de son architecture soviético-impérialiste. Incursion dans les quartiers où les artistes ont impulsé la renaissance du Berlin-Est de l’après-1989. Tags, murs peints, Berlin capitale du street-art. Le tourisme surfe sur le passé d’une ville scindée en deux. You are leaving the american sector. Des américaines se font photographier entre deux faux GI’s à Check-point Charlie. Un musée de trabans, les restes d’un bunker hitlérien, une porte de Brandebourg illuminée de mille feux dans la douce nuit berlinoise.
Ville étonnement calme, des taxis, des vélos, des métros, peu de voitures et de pollution sonore. Des terrasses de café un peu partout, des espaces verts en pagaille, des musiciens, des lieux de rencontres, des berges de fleuves animées. Douceur de vivre, peu de stress ambiant. Il fait beau, les oiseaux chantent. Je ne suis pas payé par l’office du tourisme allemand pour faire de la promo, mais Berlin fait son entrée dans la liste des villes où je pourrais éventuellement aller vivre.
Dimanche 9 juin. Chaleur étouffante, le temps est à l’orage. Il est 17h30, la black swarm est entassée dans le ligne U2 du métro. Traversée de la ville d’est en ouest. A la sortie du métro on traverse un parc pour arriver devant le Stadion. On se retrouve d’un coup nez-à-nez avec le mastodonte de pierres. Monumental. Les anneaux olympiques sont toujours en place. Des publicités ElectronicBeat et Die Erste apportent un peu de couleur à cette arène monochrome. Entrée ultra-rapide. Des grappes humaines trop longues se sont déjà formées autour des quelques stands de bières, bretzels et merchandising éparpillés autour de l’enceinte et destinés à satisfaire les quelques 66000 devotees qui ont fait le déplacement.
18h30. Il pleut. Le stade est encore vide aux trois-quart. Les fans dégoulinants s’entassent sous les arcades. Ambiance étouffante de métro parisien aux heures de pointe. Le temps d’acheter une bière dans un gobelet DM et la première partie est presque finie. J’arrive à mon siège (bloc D2, presque au ras de la fosse, avec pour voisins Isaleelee et TomMajor) alors que Trentemoller est en train de jouer un morceau samplé de The Cure. C'est facile. Le public se réveille.
21h00. Il pleut toujours. Depeche Mode entre dans l’arène. Public debout dans les tribunes, on est en Allemagne, hein. La set-list défile sans accroc sur le même fil que lors de mes deux précédents shows. Precious me parait plus dynamique qu’à l’accoutumée et Black Celebration un peu trop lente.
Should be higher. Dave tente d’entrainer le public sur des « Love » a capella. Peine perdue, trop compliqué, trop haut perché. Enchainement inédit Higher love / But not tonight. La surprise du chef. De quoi capter l’attention d’un public qui d’habitude se cure les ongles pendant que Martin chante. But not tonight était-elle prévue initialement au programme ? Peut-être un simple choix de circonstance, clin d’œil malicieux à un climat capricieux. Oh God, it's raining, but I'm not complaining ... Chair de poule quand Martin chante And I haven't felt so alive in years devant un public trempé jusqu’à l’os. A Pain That I'm Used To claque sa race, comme toujours dans cette version 2013. Goodbye sera l’accalmie au milieu de la tempête.
Comme à Stuttgart, Home sera un peu ratée. Limite caricaturale. Le public ne reprendra pas les « oh oh » à la fin, et pourtant on est en Allemagne, hein. Cette géniale chanson a marqué la précédente tournée, il est temps de passer à autre chose. Halo. Non mais Halo, quoi. A chaque concert, des changements, des petits trucs en plus, en moins. Ce soir, Just can’t get enough monte les gens sur pile électrique. Ca gigote, ca remue. Ce soir, on aura droit à une version longue de la chanson, avec reprise à la fin.
Never let me down again au stade Olympique de Berlin était un rêve : ca, c’est fait ! 132 000 mains en l’air, avec Dave dans le rôle du sorcier vaudou, torse-poil au bout du cat-walk. La pluie s’arrête, le concert aussi.
Ovation. Longues salutations d’un groupe qui ne veux pas partir. Dave revient au centre de la scène pour saluer le public une deuxième fois. Il est heureux.
Berlin, je reviendrai te voir.
"Le rock français, c'est comme le vin anglais." (John Lennon)