J'ai raconté ma semaine modienne sur un post facebook un peu long ; je n'avais pas encore mis sur papier mes impressions détaillées : voici l'extrait concernant Taratata, pour celles et ceux que ça peut intéresser !
Il y a déjà pas mal de monde quand je débarque. Après m’être assuré que je pourrais entrer avec mon barda, je me place dans la file. Le reste est très fluide, très bien organisé. Nous déposons par le vestiaire, nous attendons un peu longuement devant les portes du studio ; tout le monde paraît calme et heureux, c’est comme patienter avant un concert où on sait qu’on sera bien placé. À un moment, une femme du staff de l’émission sort du studio, nous voit tous amassés, nous, le « black swarm », et s’exclame « Vous me faites peur ! ». Ça se voit tant que ça, qu’on est remontés comme des pendules ? En entrant dans la salle, nous passons devant les guitares mythiques de Gore : instant de choix, photographié par nos yeux… Après l’intervention du chauffeur de salle, lui aussi très pro et serein (on sent que l’émission est rôdée), ponctuée de deux happenings musicaux assurés par des spectateurs, Nagui arrive en toute simplicité et nous explique que le tournage va commencer avec une sorte de mini-concert de DM. La devise de l’émission est de « faire du bruit » : une chose est sûre, nous l’avons appliquée à la lettre. C’était assourdissant tout au long du passage de DM sur le plateau, et le son, annoncé comme puissant, m’a au contraire paru un peu bas. Ils arrivent. Ils jouent « Ghosts Again », déjà reprise en chœur par une bonne partie du public. Puis Dave Gahan nous dit : « chut ». Puis commence un inédit. Je sais que c’est le moment le plus fort de cette semaine de môme. Nous allons entendre une nouvelle chanson de Depeche Mode, que personne n’a jamais entendue. Aux premières notes de synthé, un peu fantomatiques, non identifiées, j’échange un regard intense avec ma voisine : on y est. Le titre de la chanson, je le devine assez vite car il figure dans le premier couplet : c’est « Wagging Tongue ». Ça passe vite, ça glisse entre les doigts, on se sent obligés de taper dans nos mains alors qu’on voudrait juste un silence religieux pour écouter se déployer le joyau dont l’écrin vient de s’ouvrir pour la première fois. Le titre est assez lent, un mélange de Leonard Cohen, ou Soulsavers pour le chant, et de Kraftwerk ou Speak And Spell pour la musique. Martin apporte une émotion supplémentaire, comme toujours, avec ses chœurs. Il est question de rivière et d’anges, d’un autre côté… La mort, décidément. Quand ils disent que tout a été écrit avant la disparition de Fletch, je les crois, mais… j’ai du mal. Le mini concert se poursuit avec « Precious », désormais classique (et incontournable de la prochaine setlist ?), et « Personal Jesus » sur laquelle nous retrouvons immédiatement nos repères chorégraphiques. Après quelques minutes de flottement dont je ne connaîtrai sans doute jamais la teneur, et pendant lesquelles le groupe reste devant nous, sous nos hurlements, à tendre l’oreille pour écouter ce que leur dit Nagui, commence l’interview du groupe. Celle-ci, dans son contenu, me laisse à nouveau sur ma faim, en dehors de la discussion sur Richard Butler et sur Fletch. Je pense que le groupe n’aime pas s’étendre en interview sur tout ce qui concerne le processus créatif et l’interprétation de la musique ; bien souvent, j’ai l’impression de pouvoir répondre à leur place de façon plus intéressante. Mais ils sont là ; leurs voix résonnent près de moi, réelles. Zazie arrive dans l’ombre pour s’installer ; elle est la suivante. J’aurai à chaque nouvel artiste cette impression de professionnalisme et de routine. L’émission se poursuit dans les conditions du direct ; le seul petit trucage aura pour DM, que nous faisons semblant d’attendre lorsque Nagui annonce « et il y aura Depeche Mode en fin d’émission ! »… enfin, je fais semblant, mais en même temps je me fais piéger : ils vont revenir ?!
Je trouve que les autres artistes font du bon boulot, notamment dans leurs reprises ; si Gore avait pu prendre sa gratte, sur ce divan, et nous gratifier d’un bout de chanson, ce qu’il veut, « une souris verte », n’importe quoi, quel bonheur ç’aurait été… On doit beaucoup taper dans les mains, ce qui nous empêche parfois de profiter de la musique ; mais c’est le jeu… Il n’est pas 20h30 quand Nagui nous félicite et nous remercie d’avoir réservé un accueil aussi chaleureux aux stars internationales qu’aux débutants. Dans l’ordre et le calme, nous faisons le chemin inverse, la tête en ivresse.
(Pour le compte-rendu complet :
https://www.facebook.com/kissamode)